Le lecteur attentif de Corse Matin ce jeudi 2 juillet n’aura pas manqué les deux scoops politiques du jour : Jean Sébastien de Casalta presque nationaliste, et Jean Christophe Angelini, non !1
Ce dernier en effet souligne, à propos de sa victoire : « Je vais être clair, ce n’est pas la victoire du nationalisme. C’est la victoire d’une équipe diverse rassemblée autour d’une vision. […] ». Quant au premier, il répond ainsi à la question de savoir s’il est anti-nationaliste : « Faire de moi un anti-nationaliste parce que je m’inscris dans l’opposition à cette municipalité, c’est réduire le nationalisme à cet attelage comprenant les autonomistes de Femu a Corsica, des libéraux de droite et le Parti socialiste. […] Corsica Libera et Core in Fronte ont également critiqué cette majorité municipale. […] Sont-ils anti nationalistes ? Bien sûr que non ! » Merci, Monsieur de Casalta ! À Corsica Libera, nous avons en effet la prétention d’être nationalistes et, de surcroît, cohérents.
Jean-Guy Talamoni rappelait avec force, dans son discours d’ouverture de la session de l’Assemblée suivant ce deuxième tour des municipales, la nécessité de revenir aux fondamentaux du nationalisme. Car être nationaliste corse n’est pas une affaire de mots et de proclamation, mais une affaire de vision et de projets. Concrets, pragmatiques et toujours dans l’intérêt de la Corse et des Corses. Par exemple, le statut de résident, seul à même de casser la spéculation immobilière et de permettre aux Corses de retrouver la possibilité de se loger correctement, et, en attendant la possibilité d’imposer ce statut à l’État français, la négociation de mesures allant dans le même sens, y compris si besoin commune par commune. Par exemple, la corsisation des emplois, pour casser la spirale infernale du chômage et de l’assistanat, et, en attendant de pouvoir imposer à Paris des mesures contraignantes en ce sens, la mise en œuvre résolue de la Charte pour l’emploi local. Par exemple, le développement de notre langue pour que notre culture, vivante, redevienne facteur de cohésion sociale et d’attractivité. Par exemple, la compétence santé et la mise en place d’un CHU, pour que les Corses ne soient pas obligés d’aller se soigner à des centaines de kilomètres. Et bien sûr, l’amnistie de tous les prisonniers politiques pour que la paix puisse s’installer durablement.
Au-delà des postures et des mots, être nationaliste, c’est porter, pour répondre aux problèmes réels que rencontre notre île, amplifiés par la crise du Covid, des projets qui s’inscrivent dans une direction claire : rompre avec la dépendance, qu’elle soit politique, économique ou sociale. Pour que nos enfants puissent vivre dans une Corse prospère et solidaire.
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↑1 Pour nos lecteurs non Corses, rappelons que Jean-Sébastien de Casalta est le leader de l’opposition à Bastia, ville conquise en 2014 par l’actuel Président de l’exécutif, le nationaliste Gilles Simeoni, et conservée en 2020 par son successeur Pierre Savelli. Jean-Christophe Angelini est le leader du PNC, une des trois composantes de la majorité nationaliste de l’Assemblée de Corse. Il est lui même conseiller exécutif, Président de l’Agence de Développement Economique de la Corse, et a conquis la mairie de Porto-Vecchio ce dimanche 28 juin 2020.