Archives de confinement

Pendant le “confinement” — c’est-à-dire l’assignation à résidence — qui nous a été imposé non par un virus, mais par un gouvernement dont l’impréparation étonne, j’ai surtout écrit sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter), pour des raisons de réactivité. Certains des posts alors écrits me semblent mériter d’être conservés en mémoire. Ils sont ici publiés sans changement autre que l’ajout, en tête, de la date de leur première publication.

  1. Mars 2020
  2. Avril 2020
Mars 2020
  • (22/03/2020) Si…
    Quand j’étais enfant, mes parents me disaient souvent « avec des si, on mettrait Paris en bouteille ». Il est vrai que le gouvernement Macron n’a même pas été capable, dans la vraie vie, d’empêcher les Parisiens confinés de s’entasser dans trains ou avions pour aller répandre le Coronavirus à la campagne. Mais rien n’empêche pour autant de se livrer à un petit exercice…
    Si la Corse avait été indépendante, et bien gouvernée, elle aurait dès le début mars, comme le recommandait le Président de l’Assemblée, fermé ses frontières maritimes et aériennes aux passagers non résidents et aux déplacements non vitaux. Elle aurait, dès la mi mars, mis en œuvre ce que le Président de notre Assemblée recommande, à savoir une politique de dépistage massif et un confinement des personnes positives. Alors, peut être que, comme l’Islande, pays indépendant à la population comparable à la nôtre, elle ne compterait aujourd’hui qu’un seul mort. 
    Mais la Corse n’est pas indépendante et le préfet de la France a refusé toutes les mesures citées plus haut. Et maintenant, devant l’arrivée au secours du BPC Tonnerre, nombreux sont ceux qui disent « heureusement qu’on n’est pas indépendants ». Drôle de raisonnement qui consiste à valider notre dépendance parce que la politique irresponsable de la France l’a rendue encore plus forte. Car une Corse indépendante aurai eu un CHU, des labos, une maîtrise de sa politique sanitaire. 
    Décidément, la colonisation des esprits continue. 
  • (25/03/2020) NON, nous ne sommes pas en guerre, nous sommes confrontés à une pandémie. 
    Ce qui nous attaque n’est pas un ennemi intelligent, rusé, prêt à profiter sournoisement de toutes nos divisions et à s’infiltrer là où on ne l’attend pas. C’est un virus, bête, qui ne va que là où on le laisse aller. Alors, cessons nos discours martiaux, et soyons sérieux. Tant que nous n’avons ni masque, ni accès au seul traitement valide à ce jour, le confinement — ou plutôt, pour être plus exact, le respect absolu de règles de distanciation — est l’option sage. Mais disons le clairement. Les soignants ne sont pas des soldats, ce sont des soignants et c’est cela qui fait leur noblesse. Les soldats tuent, les soignants soignent. Ils méritent notre respect. Toujours. Ceux qui il y a quatre ans ont sauvé la mère de la mort certaine et rapide où la conduisait l’invagination provoquée par son cancer du colon, comme ceux qui aujourd’hui tentent de faire respirer ceux que le virus étouffent. 
    Sur les discours martiaux, sur les appels à l’union sacrée, ne poussent ni l’imagination, ni la solidarité, ni la nécessaire comparison avec ceux qui font mieux que nous. Il n’y pousse que des dictatures. 
    Alors, NON, nous ne sommes pas en guerre. A moins que le Président français ne fasse allusion à celle qu’il mène, à l’instar de ce que disait en octobre dernier son homologue chilien : un guerre contre un ennemi redoutable, son propre peuple, ou plutôt les différents peuples qu’il prétend assujettir. 
  • (26/03/2020) Que faire ?
    Que mes amis se rassurent, le confinement ne m’a pas à ce point déboussolé que je me prenne pour la réincarnation de Lénine ! Mais cette question me taraude depuis de nombreux jours…
    Je ne suis pas soignant. Je ne suis pas biologiste. Je ne suis pas fabricant de masques, de gels, de tests ou autres produits qui font tant défaut aujourd’hui. Je ne suis même pas journaliste. Donc, à lire certains commentaires ou prises de position dans les journaux, comme je ne peux être dans l’action, je devrais me taire. Et laisser la parole à ceux qui sont utiles…
    Comme qui ? Notre Président de la République française, qui enchaine approximation sur approximation, pour ne pas dire mensonge ? La porte-parole du gouvernement, qui enchaine fausse bourde sur fausse bourde pour tester jusqu’où on peut aller ? 
    Je suis vraiment désolé de le redire. Au-delà de la pandémie, ou au prétexte de la pandémie, c’est notre démocratie qui est aussi en danger. Les atteintes au code du travail mises en place sous couvert « d’état d’urgence sanitaire », les contrôles de police pour le moins inégalement virulents quand on pense à ces parisiens qui se sont entassés impunément dans les trains et les avions pour aller « se confiner » dans leurs villas secondaires, les appels martiaux à l’union sacrée dont j’ai rappelé hier à quoi ils conduisent toujours, les menaces contre le Professeur Raoult révélées cette semaine par le Canard Enchainé, la liste des signaux de danger prendrait des pages.
    Alors, n’en déplaise à ceux qui pensent être les seuls à avoir le droit de parler parce qu’eux sont dans l’action, je considère absolument légitime pour chacun de faire circuler l’information, surtout non officielle, de débattre des options choisies par ceux qui, pour l’instant, nous gouvernent encore, de préparer l’après.
    Car il y aura un après, et alors, il faudra se rappeler. Parce que cette pandémie n’aura résolu aucun des maux dont notre société souffre depuis longtemps. Elle les aura seulement éclairés d’une lumière plus crue. Et parler n’est aucunement contradictoire avec soutenir ceux qui agissent. À la seule condition qu’ils agissent vraiment et efficacement, comme semble le faire par exemple le Professeur Raoult, ou comme le font les soignants sur le terrain à chaque heure, et d’autres à l’Université de Corte ou ailleurs.
  • (28/03/2020) Culpabiliser ou responsabiliser ?
    A lire ce qui circule sur les réseaux sociaux et parfois dans la presse, les Français (vous pouvez remplacer par les Anglais, les Espagnols, etc.) seraient des imbéciles irresponsables et même coupables de la propagation incontrôlée du Coronavirus/Covid19 par leur légèreté à respecter les mesures élémentaires de distanciation sociale. Les Chinois, par contraste, seraient des modèles de vertu…
    C’est faire peu de cas de la différence entre un pays de liberté et une dictature. Même si la Chine s’est aujourd’hui un peu libéralisée, les trois dernières générations de Chinois ont vécu sous le joug d’une dictature parmi les plus dures du monde. Ça laisse des traces, et ça entraîne à obéir plus qu’à réfléchir. Ce n’est pas le cas pour les Taïwanais. Et ces derniers, sans confinement aucun, ont réussi à tenir sous contrôle le Coronavirus.
    Les différences à la fois de stratégie et de résultats entre la Chine populaire et Taïwan éclairent d’une lumière crue la responsabilité des politiques. En Chine populaire, seul un confinement autoritaire et total a pu, au prix de 3300 morts officiellement recensés, maîtriser l’épidémie. À Taïwan, une politique de tests, d’isolement et traitement des malades, de contrôle des entrées et de responsabilisation de chacun, sans confinement, a permis de limiter à 2 décès et 283 contaminations pour 23 millions d’habitants (source Taïwan Centers for Disease Control, 28-03-2020) la propagation du virus.
    S’il faut en France chercher des coupables, alors cherchons les vrais : une suite de gouvernements de plus en plus autoritaires, toujours jacobins, toujours centralisant décisions et même réflexion, infantilisant sans cesse la population, cachant l’information (pas de changement depuis Tchernobyl), « micromanageant » le pays, pour emprunter un terme au monde de l’entreprise si cher, paraît-il, à l’actuel occupant provisoire de l’Elysée. Et il semble que, malgré l’échec manifeste de cette stratégie, on continue, et allant jusqu’à enlever aux médecins leur autonomie de décision et décider centralement ce qui est bon (pour qui ?) pour soigner le Covid19.
    Alors, oui, continuons à respecter les mesures de distanciation sociale nécessaires, faute de mieux pour l’instant. Et soutenons ceux qui se battent pour soigner, tester, avancer. Mais arrêtons de dénoncer, stigmatiser, culpabiliser ceux qui n’ont pas compris les consignes de confinement. Portons notre colère sur ceux qui, depuis des décennies, ont choisi de déresponsabiliser le peuple pour qu’il soit plus facile à gouverner. Et surtout, semons dès maintenant les graines de l’avenir, en saluant toutes les initiatives qui développent solidarité et responsabilité, comme le travail remarquable de l’Université  de Corte, et en soulignant combien une Corse indépendante aurait pu mieux faire que ce que le gouvernement français nous oblige à subir aujourd’hui. Demain, seuls des peuples solidaires et responsables sauront venir à bout des multiples défis du monde moderne. 
  • (30/03/2020) Libéralisme ?
    Juste une idée qui me vient. Ni l’Allemagne, ni Taïwan, ni la Corée du Sud ne sont, à ma connaissance, des pays socialistes ou anti-capitalistes. Alors, on peut dire, me semble-t-il, que ce n’est pas le capitalisme, le libéralisme économique, qui provoque le bordel que l’on observe en France. C’est bien l’incompétence d’un Président et de son gouvernement, ainsi que le choix qu’il a fait de privilégier en toute circonstance la finance et les intérêts de ses amis. Ça, ce n’est ni du capitalisme, ni du libéralisme. C’est du népotisme ploutocratique. Ajouté à l’oligarchie enarquienne spécifiquement française, le mélange est délétère.
Avril 2020
  • (03/04/2020) Impuissants ?
    C’est bien cela qui nous mine devant l’épidémie actuelle. Bien sûr, certains le sont moins que d’autres. Ils soignent, ils fabriquent des masques ou du gel, ils testent, ils livrent, ils nourrissent..
    Mais pour nombre d’entre nous, il n’y a que la possibilité (ou presque) d’exprimer nos colères ou nos soutiens sur les réseaux sociaux. Et ceux-ci révèlent aujourd’hui, eux aussi, leur impuissance. Car, s’ils avaient vraiment du pouvoir, il y a plusieurs jours déjà que la stratégie proposée par le Professeur Raoult serait mise en œuvre ! Il y a plusieurs jours déjà que les mensonges répétés du gouvernement français auraient été sanctionnés, ou pour le moins auraient cessé. 
    Alors, sommes nous condamnés à subir ? Probablement un peu pour le moment. Mais en même temps, cette impuissance nous rappellera peut-être que, même à l’heure des réseaux sociaux, rien ne vaut l’action collective, l’engagement associatif, syndical ou politique. Que même à l’heure des réseaux sociaux, les formes efficaces d’action restent inchangées. Et que ces réseaux ne sont rien d’autre qu’un amplificateur de ce que nous faisons. Si nous ne faisons rien, ils ne font qu’amplifier le vide. 
    Que cette impuissance momentanée nous appelle à l’action pour que notre réalité change vraiment, ici, chez nous en Corse, ou chez vous ailleurs, et alors ce confinement n’aura pas été vain. Et, comme il n’est pas inutile parfois que la réflexion précède l’action, profitons de ce temps d’inaction forcée pour réfléchir à ce que nous voulons construire, pour nous informer sur ce qui existe ailleurs, pour imaginer comment nous voudrions que, demain, notre pays — notre île, pour ce qui nous concerne —, soit gouverné(e), et avec quelles valeurs nous voudrons retisser les liens sociaux réels qui nous sont aujourd’hui rationnés. 
  • (08/04/2020) Et si ce n’était réellement pas de leur faute ?
    (Merci de lire jusqu’au bout avant de me vouer aux gémonies😉)
    Depuis quelques semaines que sévit une épidémie mondiale inédite pour celles et ceux de nos générations, procureurs et avocats se partagent les réseaux sociaux. Les premiers accusent sans relâche les gouvernements, au premier rang desquels le gouvernement français, d’incurie, d’impréparation, de mensonges, voire de manipulation au service d’intérêts financiers de moins en moins occultes. Les seconds expliquent qu’on ne pouvait pas prévoir, que personne n’aurait pu faire mieux, qu’il faut s’unir contre ce fléau plutôt que diviser en de stériles polémiques. 
    Je dois avouer que j’ai fait plutôt partie de la première catégorie, bien que mon expérience, professionnelle en particulier, eût dû me pousser logiquement plutôt à comprendre la seconde. Mais si en fait la question était mal posée?
    Nous vivons depuis quelques décennies dans un monde devenu extrêmement complexe. Les nombreux modèles de propagation exposés depuis le début de cette pandémie ont au moins le mérite de familiariser un peu tout le monde à la notion de complexité exponentielle. Quand on multiplie les interactions, les conséquences de de ces interactions ne croissent pas de façon linéaire, mais de façon exponentielle. 
    Ainsi en est-il de la complexité de notre monde. Les interactions ont été multipliées au cours de ces deux dernières décennies de façon extraordinaire, sans même prendre en compte l’explosion des réseaux sociaux. Par la chute du mur de Berlin, qui a décloisonné le monde. Par la libéralisation des économies chinoise et vietnamienne, qui ont ouvert un espace jusque là hermétiquement clos. Par l’accroissement de la population mondiale. Bref, par des facteurs divers qui ont, de fait, multiplié par plus de huit la population réellement interconnectée. En ces temps où réduire les interactions sociales, jusqu’au confinement pour beaucoup, est présenté comme la seule option possible pour réduire la complexité de la gestion de l’épidémie à des proportions humainement maîtrisables, on comprend mieux comment la multiplication des interactions a changé la nature du monde autrement que linéairement. 
    Et pourtant, il continue à être dirigé comme avant. C’est à dire à travers le mythe d’un pouvoir central omniscient et omnipotent. Certains voudraient même, malgré l’échec patent de l’OMS, instaurer une gouvernance mondiale. 
    C’est un rêve dangereux. Face à la complexité accrue, il n’y a pourtant qu’une seule option : déconcentrer, décentraliser, développer à fond la subsidiarité. C’est sur ces principes que fonctionne le réseau le plus complexe du monde : le World Wide Web. Il y a certes des autorités régulatrices des noms de domaines, mais nulle administration centrale, nulle autorité suprême, ni nationale, ni mondiale. Et ça marche somme toute pas si mal.
    Alors, disons le clairement. Ce n’est pas de la faute de nos dirigeants s’ils sont dépassés par l’ampleur des problèmes. Ou plutôt, d’autres n’auraient pas fait mieux. Car ce n’est ni leurs compétences personnelles, ni leurs choix économiques ou politiques qui sont en soi viciés. C’est le système qu’ils prétendent diriger qui est devenu trop complexe pour eux, comme il le serait pour n’importe qui. Et si un reproche peut leur être fait, c’est seulement celui que leur hubris, leur ego exacerbé, les a empêché de reconnaître que la complexité du monde avaient dépassé leur seuil d’incompétence, comme le souligne l’article ci-joint d’un psychanalyste marocain. 
    Il n’y a qu’une option réaliste pour sortir de cette impasse. Elle s’appelle décentralisation, déconcentration, subsidiarité. Pour nous en Corse, elle s’appelle indépendance. Qui, seule, nous permettra de reconstruire les interdépendances et les solidarités dont nous avons vraiment besoin. Comme dans un vrai réseau qui fonctionne, et non dans une pyramide…
    https://fr.hespress.com/137773-dr-mabrouki-corona-le-sauveur-des-politiciens-du-monde.html
  • (11/04/2020) Confinés ?
    Avez-vous remarqué qu’en France, ceux qui décident du confinement (Président, ministres) ne se l’appliquent pas à eux-mêmes ?
    Avez-vous remarqué qu’en France, ceux qui décident (les mêmes) que vous n’avez pas le droit d’acheter des masques en ont eux-mêmes à volonté (même s’ils ne “savent” pas les utiliser) ?
    Je sais que beaucoup tiennent l’actuel Premier Ministre anglais en piètre estime, mais le fait est qu’il est soigné dans un hôpital public standard, qu’il n’a pas de médecins personnels, qu’il suit le même protocole que celui que suivent ses concitoyens. 
    Je sais que beaucoup regardent avec condescendance des pays voisins moins développés que le nôtre — Maroc, par exemple —. Mais les ministres y ont renoncé à leur salaire pour que l’argent correspondant serve à lutter contre le Covid-19.
    Nous ne sommes pas en guerre. Mais nous sommes néanmoins dans une situation où le leadership est essentiel. La première vertu en est l’exemplarité.
    Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’une fois de plus, la France se distingue. Par le bas…
  • (14/04/2020) Assignés à résidence pour un mois et plus
    Voilà donc le résumé du discours de Macron. Jusqu’au 11 mai, sauf pour les personnes âgées (au fait, ça commence à quel âge ?) qui poursuivront plus longtemps l’exercice. Puis reprise des cours et du travail, mais attention, ni restaurant, ni bar, ni spectacle.
    C’est donc bien une punition qui nous est infligée. Avec des amendes, voire de la prison en prime. 
    Ce qui m’étonne le plus, c’est de voir une partie non négligeable de nos compatriotes corses qui semble en redemander. Ce ne serait pas encore assez. Il faudrait auparavant s’assurer que… Que quoi, au juste ? Qu’il y a un vaccin ? Non, pas possible avant 2021 au mieux, et encore si le virus ne mute pas trop… Que nous sommes immunisé? Mais seule l’infection pourrait provoquer peut être une forme d’immunité, et encore, nous n’avons aucune certitude sur le fait qu’elle provoque une immunité durable…
    Alors, sommes nous définitivement condamnés, sauf miracle ?
    Il y aurait une autre option. Celle que suggère Edgard Morin. Réapprendre l’incertitude, donc réapprendre à vivre avec le risque. Il n’y a même aucune autre option raisonnable si nous ne voulons pas d’un univers carcéral. 
    D’autant que des masques, utilisés massivement, comme au Maroc, en Turquie, en Corée, à Singapour, à Taïwan, etc…, pourraient réduire le risque. Et qu’un traitement précoce à base de médicaments aujourd’hui existants et validés semble aussi réduire le pourcentage des cas graves.
    Et pour celles et ceux qui pensent que vouloir relâcher le confinement serait privilégier l’économie sur la santé des populations, je rappelle d’une part que ce « confinement » a des conséquences très nuisibles aussi en terme de santé, surtout pour les personnes âgées (isolement, ennui, désespérance). J’en vois déjà les effets sur mes parents de 88 ans. D’autre part que l’espérance de vie à la naissance est peu ou prou proportionnelle, dans le monde, à la bonne santé de l’économie des pays. Quand l’économie russo-soviétique s’est effondrée en même temps que le Mur, l’espérance de vie y a brutalement reculé. Elle a perdu 4 ans entre 1991 et 1993.
  • (15/04/2020) Folie  ?
    Ainsi donc, ne pourrait-on croire que nos sociétés occidentales sont frappées de folie collective ?
    Car comment appeler autrement cette réthorique guerrière alors que nous sommes en paix ? Comment appeler autrement cette explosion de dénonciations (en France, mais aussi semble-t-il en Italie, en Espagne et même au Royaume Uni) de non-crimes alors que, depuis des décennies, trafics de drogue et autres violences se passent au grand jour sans réactions ? Ou cette multiplication des abus d’autorité de forces de l’ordre désorientées et non encadrées dans leurs interprétations de la loi ? Et comment appeler autrement cette appétence soudaine pour un confinement obligatoire, entrave à la fois à la liberté et à la responsabilité ?
    Comment surtout appeler autrement cette étrange jubilation morbide à voir s’effondrer des pans entiers de notre économie, alors même que tous les indicateurs montrent que l’on vit mieux et plus longtemps quand l’économie se porte bien ?
    Mais cette folie collective ne déplaît pas à tout le monde. En France, un gouvernement qui a fait du mensonge un pilier de sa politique exploite cette folie sans vergogne. Pour imposer des mesures liberticides. Pour imposer, bientôt, des régressions sociales sans précédent. Voire pour habituer l’opinion à ce que les EHPAD se transforment en mouroirs.
    Non, le COVID-19 n’est pas la peste. 
    Non, le COVID-19 ne menace pas d’exterminer l’humanité, ni même la moitié de l’humanité, ni même le dixième, du moins pas directement. Seules des mesures imbéciles d’arrêt complet de ce qui fait vivre l’humanité présenteraient ce risque. 
    Non, le COVID-19 n’est pas un ennemi machiavélique que seule l’unité de la nation permettrait de vaincre. 
    Oui, certains pays ont su reconvertir leurs usines pour fabriquer tests et masques afin de permettre à la population de vivre normalement. 
    Oui, il est possible de prendre des risques pour continuer à vivre. En réalité, il est même impossible de ne pas le faire, car vivre EST un risque. 
    Alors, cessons d’entretenir cette folie et cette terreur mortifères et commençons à réfléchir sérieusement à comment vivre, libres, avec le COVID-19. Comme les générations qui nous ont précédés ont vécues, libres, avec des maladies autrement dangereuses. Comme aujourd’hui encore de nombreux peuples sur terre tentent de vivre, libres, avec des menaces sur leur vie bien plus fortes que celle du coronavirus. 
    Refuser que ce confinement moyen-âgeux s’installe n’est pas une question de petit confort individuel. C’est simplement une question d’humanité. D’une humanité qui ne se mesure pas seulement à la quantité d’années à vivre, mais à la qualité des relations que l’on y crée. Acceptons le risque d’être libres et humains. 
  • (16/04/2020) Non, nous ne sommes pas des gamins irresponsables !
    « Le Pr Raoult annonce que l’épidémie décline. Ce n’est pas que c’est faux, ce sont les conséquences que cela pourrait induire qui affolent. C’est aussi l’autre pandémie du moment : le virus de l’émotion et du raccourci. Et sa contagiosité, tout aussi virulente, dans les esprits. » C’est par ces mots que se termine un article de Corse Matin consacré à la polémique provoquée hier par le patron de l’IHU Marseille Méditerranée. 
    Traduisons : les gens étant irresponsables, il faut leur cacher la vérité pour obtenir d’eux les comportements que nous souhaitons pour leur bien ! C’est ainsi que les masques furent en leur temps qualifiés d’inutiles, le dépistage de sans intérêt, etc. 
    Assez ! Même pour éduquer des adolescents récalcitrants, ce genre de mensonge vertueux est inefficace. Alors, pour des adultes ! Il y a quelques années, une loi a obligé les médecins, au titre du respect du malade, à informer leurs patients si ceux-ci en faisaient la demande. Et la France était, en cela, bien en retard par rapport aux démocraties les plus évoluées. Et là, on recommence. À mentir, à cacher, à exagérer. Pour faire peur et faire respecter un confinement généralisé, des corps, mais aussi des esprits. 
    Tout manager un tant soit peu compétent sait que si on prend les gens pour des irresponsables, ils s’ajustent inconsciemment et leur comportement devient réellement irresponsable. À l’inverse, si on les respecte et les informe, alors, ils s’installent dans leur comportement adulte et responsable. C’est là-dessus que se fonde le passage du contrôle qualité à l’assurance qualité. C’est là-dessus que se fonde la réussite des entreprises dites libérées. C’est là-dessus que se fondent, en Corse et ailleurs, les multiples initiatives qui ont vu le jour pour développer des tests, des masques, des paniers solidaires, des livraisons aux plus fragiles, etc.
    Alors, disons stop aux mensonges. Disons stop à la prédominance de l’émotion. Que l’on dise la vérité, même quand elle est positive ! Que l’on s’adresse, enfin, à notre raison. Et le miracle alors sera que tout le monde s’apercevra que nous sommes des adultes raisonnables, capables de décider ce qui est bon pour nous. N’en déplaise à des gouvernants en mal de pouvoir absolu.
  • (18/04/2020) Boucs émissaires…
    « Pour qu’un groupe humain perçoive sa propre violence collective comme sacrée, il faut qu’il l’exerce unanimement contre une victime dont l’innocence n’apparaît plus, du fait même de cette unanimité. » René Girard
    Après Macron et son gouvernement, les banlieues indisciplinées, les Parisiens en goguette, médias et réseaux sociaux ont trouvé un nouveau bouc émissaire coupable de la propagation calamiteuse de l’épidémie de Covid-19 : la Chine et son laboratoire P4 de Wuhan, qui aurait, malveillance ou erreur, créé le virus. Manque de chance, comme masques et autres bricoles utiles viennent de Chine, on y va mollo contre ce nouveau coupable, dont on a encore besoin. Mais quand-même, le nombre d’insinuations croît de façon exponentielle (pardon ! J’allais écrire virale…). Y compris directement de la part du chef de l’Etat français ou de ses proches, l’occasion de détourner l’attention étant trop belle. Conduire le peuple à fixer « la ligne bleue des Vosges » a toujours été l’ultime ressource des gouvernants français en perdition. Cette ligne s’est simplement déplacée très loin vers l’est, mondialisation et Union européenne obligent. 
    Je n’ai aucune idée sur la crédibilité, et encore moins sur la véracité, des assertions nouvelles sur l’origine de ce virus. Je n’ai aucune confiance dans le régime chinois. J’ai simplement l’impression que ce n’est pas vraiment le problème prioritaire. Et que s’il le devenait, alors, pauvre de nous. Une guerre avec la Chine pour finir en beauté cette poussée de paranoïa collective ?
    Plutôt que de chercher un bouc émissaire, occupons nous de diagnostiquer, isoler, traiter les patients atteints. Et, en même temps, de repenser une nouvelle ère de développement, plus autocentré, plus équilibré, plus respectueux. Ah oui, j’allais oublier tellement c’est évident : et avec d’autres dirigeants ! C’est peut être bien là que le bât blesse..
  • (18/04/2020) Îles…
    Juste une brève. Quand nous avons, en Corse, fait référence à l’Islande comme un exemple de ce qu’une Corse indépendante aurait pu faire pour mieux se défendre contre le Covid-19, certains ont répondu : oui, mais si l’Islande était en Méditerranée, elle aurait eu les mêmes problèmes que nous, sous-entendant que le sens de la discipline nordique, par contraste avec la supposée indiscipline méditerranéenne, expliquait la réussite islandaise. 
    Alors, regardons plus près. 
    Malte, 493000 habitants (la plus forte densité en Europe), 426 cas de Covid-19 (cumul depuis le début de l’épidémie), 324 cas actifs (on enlève les guéris… et les décès), 3 décès. Quatre centres de tests sur l’île, test systématique des personnes présentant des symptômes. Distanciation sociale sans mesure répressive, sauf pour les personnes arrivant sur le territoire qui ne respecteraient pas la quarantaine stricte qui leur est imposée (jusqu’à 3000 € d’amende).
    Bref, de Taïwan à l’Islande en passant par Malte, il semble que les îles indépendantes, quelques soient leur taille et leur situation géographique, puissent s’en sortir mieux que les colonies françaises…
  • (19/04/2020) Nouvelles des iles méditerranéennes
    Comparaison n’est pas raison, certes. Mais quand même… Voici les chiffres du nombre de décès attribués au Covid-19 à la mi-avril :
    Malte (indépendante depuis 1964) : 3, soit moins de 0,6 pour 100 000 habitants
    Chypre (indépendante depuis 1959): 12, soit env 1 pour 100 000 habitants
    Sicile (“possession” italienne) : 190, soit 4 pour 100 000 habitants
    Sardaigne (“possession” italienne) : 86, soit 5 pour 100 000 habitants
    Corse (“possession” française) : 50, soit 14 pour 100 000 habitants
    Alors, l’indépendance, un risque inacceptable ? Effectivement, être Français, c’est plus rassurant… Le meilleur système de santé du monde.
    (pour mémoire : Islande, indépendante depuis 1944) : 9 décès, soit 2,4 pour 100 000 habitants)
  • (20/04/2020) Vivre Corses ou mourir Français ?
    Au vu de l’actualité récente, cette question n’a rien de réthorique. La calamiteuse gestion du Covid-19 par les autorités françaises lui donne malheureusement une résonance sinistre. J’ai plusieurs fois souligné, à travers la simple juxtaposition des chiffres, combien les îles indépendantes — Chypre, Malte, Islande,… — font beaucoup, beaucoup mieux. 
    Et voilà qu’arrive, à travers la perte par la réserve de Scandola de son diplôme européen d’espace protégé, la preuve que la France — car c’est elle et non la CdC qui a la responsabilité de la gestion de cet espace — tue aussi notre patrimoine naturel. Bien sûr qu’il y a aussi des Corses pour partager la responsabilité de ce désaveu ! Mais, en l’absence d’un véritable pouvoir de police aux mains de la CdC, qui donc aurait pu et dû réguler le tourisme ? Quand il s’est agi de casser les établissements touristiques corses qui déployaient des transats sur les plages, la France a trouvé les moyens d’imposer sa vision de la protection du littoral.
    Malheureusement, ces deux exemples ne viennent que confirmer la nocivité de la politique française en Corse. Le refus d’un statut de résident, seul en mesure d’enrayer durablement la spéculation immobilière, les choix en matière de sécurité, qui ont laissé prospérer le banditisme, les attaques orchestrées contre l’agriculture corse, l’absence de volonté de défendre la langue corse — pour ne pas aller jusqu’à parler d’une volonté de la détruire —, le refus de discuter d’un statut social et fiscal prenant en compte notre spécificité géographique pour permettre à notre économie de vivre, la litanie serait longue des politiques françaises qui tuent la Corse.
    La crise sanitaire actuelle a mis en évidence deux éléments nouveaux. D’abord, que ce n’est pas que « la Corse », entité abstraite pour certains, mais aussi très concrètement les Corses, dans leur chair, qui paient les pots cassés de cette politique française. Ce n’est pas l’anecdotique transfert de 12 malades à bord d’un fleuron de la marine militaire qui change cette triste réalité. Ensuite, qu’il est possible réellement de faire bien mieux en matière de protection de notre peuple. Il suffit pour cela de regarder toutes les autres îles européennes !
    Choisir l’indépendance n’est pas un risque pour les Corses, mais la seule voie de la survie. Et c’est possible, sans attendre une hypothétique phase de test d’une autonomie qui nous serait accordée dans le cadre de la République. Parce que la crise du Covid-19 accélère le temps en même temps qu’elle le densifie, ce test a déjà  eu lieu. Et le résultat en est que nous ne pouvons plus attendre. Aux Corses de le dire suffisamment clairement pour qu’il ne soit plus possible de les ignorer. 
  • (26/04/2020) Non, je ne veux pas que les médecins gouvernent !
    En cette période où l’actualité est dominée, médias et réseaux sociaux obligent, par une épidémie, on finirait par croire que la santé physique et la durée de (sur)vie est la seule préoccupation qui vaille. Et donc que les décisions concernant notre vie doivent impérativement être prises par des experts de ce domaine, les médecins. 
    N’est-ce pas l’aboutissement ultime d’une dérive technocratique de nos sociétés ? Vivre ensemble, gouverner, ne serait plus affaire de débat démocratique, mais d’expertise. D’expertise d’économistes et de banquiers quand c’est l’économie qui patine, de médecins quand ce sont les corps qui souffrent. 
    Je ne veux pas plus de l’une que de l’autre. 
    Vivre ensemble est à la fois compliqué et complexe. Et le moindre des paradoxes de cette période de confinement imposé n’est-il pas de nous rappeler combien la cohabitation, même avec des proches, peut être sinon une épreuve, au moins une situation qui exige délicatesse, respect, modestie et précautions ? Et que ce n’est en aucun cas réductible à un processus mécanique. 
    Ainsi en est-il, encore plus, de la vie en société. Les liens y sont certes plus distendus qu’avec ses compagnons de confinement, mais la diversité des croyances, des convictions, des valeurs en fait un exercice d’équilibre encore plus complexe. Et dont la réussite repose sur des facteurs si divers qu’en confier le pilotage à une catégorie ou à une autre d’experts est voué à la catastrophe. 
    Je ne veux pas que l’académie de médecine décide si je dois ou non aller à la plage. Je ne veux pas que l’académie de médecine décide si je dois ou non porter un masque en public. Je ne veux pas que l’académie de médecine décide si j’ai le droit ou non d’aller au restaurant, de m’amuser avec des amis, de manifester, de participer à des festivals…
    Ce que je veux, c’est que les experts m’éclairent, objectivement et sans tricher, sur les conséquences de mes choix. De façon à ce que je puisse exercer mon « métier » d’homme libre, et donc responsable. Et, puisque j’ai accepté qu’une partie de mon pouvoir d’homme libre soit délégué à des représentants — ce qu’on appelle une démocratie —, je veux que ces représentants décident, en prenant en compte tous les paramètres : la santé publique, l’économie, la qualité de la vie, le « droit au bonheur » de chacun. Et m’expliquent clairement quel est leur raisonnement dans l’élaboration de leur décision, quels sont les critères qu’ils ont pris en compte, sur quelles informations ils se sont appuyés. En fonction de ces éléments, je jugerai alors si j’ai eu raison ou non de leur confier une part de mon pouvoir…
    « On ne luttera pas contre cette épidémie sans prendre en compte les enjeux démocratiques », conclut Antoine Flahault, médecin de santé publique, épidémiologiste, directeur de l’institut de santé globale de l’université de Genève, co-directeur de l’école suisse de santé publique à Zurich, dans l’interview qu’il a donné il y a quelques jours à la Société Française de Santé Publique. Je me permets d’aller encore un peu plus loin que cet expert de la santé. 
    Seule la prise en compte absolue de l’impératif de démocratie mérite qu’on lutte contre cette pandémie. Parce que vivre enfermé dans une technocratie qui choisirait pour nous ne serait pas vivre. Tout au plus survivre. Pour combien de temps ?
  • (27/04/2020) Deux mois, ça suffit ! 
    Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, m’ont appris mes parents. Pendant deux mois, nous avons joué à retourner au Moyen-âge, avec une peur diffusée à longueur de média et de réseaux sociaux, avec un confinement généralisé, avec l’abandon des vieux à leur sort, avec la propagation de rumeurs les plus folles, sur l’origine du virus, sur les traitements, sur l’efficacité des masques, hier inutiles, aujourd’hui indispensables…
    Ça suffit ! Je n’en prendrai plus pour un jour, pour une minute de plus. Le 11 mai, je me déconfine, que cela plaise ou non. Cette mesure barbare d’assignation à résidence forcée, qui trouve encore 43% des Français pour l’approuver, ne vise qu’à camoufler l’incurie de dirigeants successifs qui ont confondu politique de santé et gestion d’épicerie pendant des années. Cette mesure barbare, alors que l’IHU de Marseille ou le gouvernement suédois montrent qu’il y a des alternatives, ne vise qu’à sauver des égos de pseudo scientifiques et des intérêts économiques. Il n’y a pas de traitement fiable à 100% pour le Covid-19 ? Et alors ! Il n’y a pas non plus de traitement fiable à 100% contre le vieillissement, dont la létalité en revanche est de 100%. Il n’y a pas de vaccin contre le Coronavirus ? Et alors ! Il n’y en aura peut être jamais, si l’on en croit les spécialistes. Allons-nous vivre toute notre vie confinés ou effrayés ? Il n’y a pas non plus de vaccins contre la connerie, qui tue plus sûrement que ce virus.
    J’attendrai le 11 mai, par simple souci d’économie. Je ne tiens pas à payer quelques instants de liberté 135€ ou plus. Mais ça n’est pas pour un pseudo sens de l’intérêt général, mis aujourd’hui à toutes les sauces, surtout celle de la délation ! L’intérêt général n’est pas de vivre en prison. Si certains aiment ça, qu’ils le fassent, ils ont le droit de rester confinés pour le restant de leurs jours s’ils le souhaitent. Ils pourront s’ils le veulent m’insulter, se fâcher définitivement avec moi s’ils étaient de mes amis. Mais ils ne réussiront pas, ils ne réussiront plus, à me faire culpabiliser. Parce que vivre libre est à mes yeux la seule façon de vivre qui vaille.
    Alors, le 11 mai au plus tard, je retourne à la plage, je retourne marcher en montagne, je renoue avec la vie. Et je ne me reconfinerai pas, même si arrive une deuxième vague d’épidémie. Que cela plaise ou non…

Il y a eu d’autres confinements après cette première. Mais j’ai été fidèle à la promesse que je m’étais faite. Utilisant divers artifices, je ne me suis plus ”reconfiné”.