Ne vous fiez pas aux étiquettes !

Unknown

L’histoire se déroule en Bretagne, au mois de novembre de cette année, à quelques encâblures de Saint-Nazaire. Le lieu importe peu, en réalité. Sans doute aurait-elle pu se dérouler ailleurs.

C’est l’histoire d’un éleveur de chèvres qui a loué un terrain à la mairie. Un beau matin, son voisin découvre  qu’une centaine de chênes qui couvraient ce terrain ont été arrachés. Sans compter les haies qui l’entouraient. La raison du massacre ? L’éleveur escomptait y produire du fourrage pour les 140 bêtes de son troupeau. Et oui, les arbres empêchaient le passage des machines !

L’indignation est générale. Mais n’est-elle pas d’autant plus vive, que l’éleveur en question porte l’estampille “bio” ? Stupéfaction et incompréhension ! Comment un éleveur bio peut-il avoir le cœur d’éliminer tous ces arbres ? Cherchez l’erreur… Mais l’erreur justement n’est peut-être pas où l’on croit… Et c’est à nous de nous remettre la tête à l’endroit : ne cherchons pas à voir dans le “bio” ce qui n’y est pas.

Les étiquettes sont en effet parfois trompeuses. Non pas parce qu’elles ont été placées là de façon inappropriée. Mais parce que nous mettons généralement derrière beaucoup plus que ce qu’elles nous disent.

imagesSi l’on nous parle d’un éleveur bio, nous lui prêtons immédiatement une conscience spécifique. Nous l’imaginons pratiquant au quotidien des valeurs fortes et altruistes dans un métier qui les incarne. C’est un amoureux de la nature. Il entend contribuer à sauver la planète. Il œuvre dans le sens d’un développement durable.

Pourtant, l’appellation bio dont il fait usage recouvre exclusivement — sur les terres hexagonales — le respect de la convention bio de l’Union Européenne complétée de quelques dispositions nationales : peu d’intrans, pas de produits chimiques de synthèse ni d’OGM, un recours possible aux antibiotiques, même s’il doit être limité, ainsi qu’aux anti-parasitaires… Difficile de résumer les 92 pages du dernier règlement européen en date (le 2018/848), mais en tout cas, il n’interdit aucunement à un agriculteur bio de raser une forêt. Comme il n’interdit pas non plus de faire venir des productions bio par avion, de l’autre bout de la planète, même si le bilan carbone correspondant est catastrophique !images copie

Ne perdons pas de vue que le marché du bio est un marché porteur – même si sa taille reste aujourd’hui un peu limitée – et surtout rémunérateur — malgré les aléas de ce type de production. Certes, il est des militants convaincus parmi les agriculteurs bio. Mais ne nous y trompons pas : d’autres ne font que jouer d’un bon atout marketing.

Moralité : Ne vous fiez pas aux étiquettes ! Privilégiez plutôt la proximité et choisissez des producteurs locaux dont vous connaissez les pratiques. Vous aurez moins de risque d’être déçus dans vos attentes.

De surcroît, si vous vivez en Corse, ce sera un geste de solidarité avec tous nos agriculteurs et nos éleveurs. Enfin, cerise sur le gâteau, vous éviterez de cette façon d’acheter des clémentines corses qui ont voyagé jusqu’à Rungis avant de revenir sur notre île pour y être proposées à la vente : une absurdité de plus de notre monde qui marche décidément sur la tête !

Source de l’information initiale : France-Bleu Loire-Atlantique