Des images de dizaines de jeunes agenouillés, les bras sur la tête, sous la garde de “forces de l’ordre”, bottées, casquées et armées, qui font le tour de la twittosphère… Après les photos de l’Arc de Triomphe tagué et des incendies parisiens, qui tournent en boucle depuis des jours, voici la dernière image que nous devrions retenir des manifestations actuelles…
Ou plutôt la dernière provocation d’un pouvoir plus habile qu’il n’y paraît. Car ces provocations — des images de violence venant d’on ne sait trop qui, à la tonalité “d’Etat de siège” employée depuis plusieurs jours — ne visent qu’un seul but : préserver l’essentiel, c’est à dire l’organisation des pouvoirs dans notre pays… Et quand les manifestations, les “émeutes” seront terminées — car elle se termineront prochainement, soyons en sûrs — que restera-t-il ? Au mieux, comme en 68, une injection massive et ponctuelle de pouvoir d’achat, vite rattrapée par l’inflation et l’imagination fiscale débridée de Bercy. C’est-à-dire presque rien.
Presque rien, car le problème de la France n’est pas conjoncturel. Il réside plutôt dans cette maladie génétique qui touche tous les gouvernements depuis des siècles, de Colbert aux Jacobins, jusqu’à la Vème République : l’incapacité à imaginer un équilibre des pouvoirs, une France fédérale, une diversité et une autonomie des territoires. Et il semble, au vu des récents évènements en Catalogne, du Brexit, de l’affaire du budget italien — que les instances de l’Union Européenne soient en train de contracter la même maladie.
Alors, occupons-nous ici de l’essentiel : mettre en place une autre façon, sur notre île, de construire la Nation et ses pouvoirs. La conférence sociale voulue par le Président de l’Assemblée et le Président de l’exécutif, qui s’ouvre très prochainement, en montre la voie. Elle peut contribuer à construire ici un pacte social spécifique, l’un des trois pactes qui peuvent refonder notre Démocratie.
Il est urgent de ne pas se laisser engluer sur le terrain où le pouvoir parisien voudrait nous entrainer : le faux choix entre l’ordre établi ou le désordre létal. L’Etat ne sait que manier la matraque. Ici, nous pouvons construire un vivre-ensemble ancré sur nos valeurs, notre histoire, notre culture et notre tradition de solidarité dans les moments difficiles.
L’avenir n’est pas écrit, il se construit. U futuru ùn hè micca scrittu, avemu à custruillu