Le 12 octobre prochain, fini le “diesel” ou le “sans plomb” dans les stations services ! Les appellations sont modifiées sur décision des instances européennes : E5, E85, B10 ou XTL… pour ne citer que quelques-unes d’entre elles.
Il faudra nous y faire et tenter d’identifier, derrière ces sigles pour le moins abscons, le ou les carburants que le moteur de notre véhicule peut avaler sans indigestion.
Des ronds, des carrés…et des scoubidoubidous…
Mais l’Europe a pensé à tout. Pas besoin d’être fin lettré pour éviter les confusions intempestives : un ovale repérera l’essence, un rectangle le diesel et un losange les autres produits. C’est comme avec les enfants : on nous fait un dessin pour mieux comprendre…
Au-delà de cette sympathique intention quelque peu bêtifiante, la question qu’on peut légitimement se poser, c’est : mais à quoi ça sert ?
Cela fait des décennies que les Européens voyagent en Europe au volant de leur voiture sans rencontrer de problèmes particuliers quand il s’agit de repérer le bon produit dans les stations services étrangères. D’ailleurs, il leur arrive même de quitter l’Europe et ils continuent à se débrouiller sans difficulté particulière.
Alors ? Pourquoi cette nouvelle directive ?
La première hypothèse serait que les fonctionnaires européens s’ennuient. Comme il ne se passe rien de bien intéressant en Europe en ce moment (ah bon ?), ils ont inventé un nouveau jeu, avec des ronds, des carrés et des losanges. En d’autres termes, ils n’ont rien de mieux à faire…
A moins que l’objectif ne soit un surcoût bienvenu, généré par la nécessaire modification de la signalétique, pour augmenter le prix du carburant ? La mesure fera au moins quelques heureux : les fabricants de signalétique doivent se frotter les mains.
Ou encore une croissance induite du PIB européen, du fait des nombreuses erreurs de carburants que la mesure risque de générer — il faudra au mieux réparer son moteur… au pire changer son véhicule… ?
Le principe d’uniformité : projet de l’Europe ?
En ce qui me concerne, j’opte pour une quatrième hypothèse : la généralisation du principe d’uniformité astucieusement camouflé sous le terme d’“harmonisation”.
L’harmonie, quelle valeur positive ! Quel plaisir pour l’oreille ! Pour un peu, on en oublierais que ce qui en fait la beauté, c’est justement… l’emploi simultané de sons différents ! Car l’harmonie est aux antipodes de l’uniformité. Elle est le résultat heureux de la diversité bien comprise.
Dans un monde voué à l’uniformité, l’harmonie disparaît par principe. Tout au contraire, elle s’accorde naturellement avec l’exercice du principe de subsidiarité : les diversités locales s’y combinent sans se heurter en un ensemble divers mais uni.
Je doute qu’il y ait des nostalgiques du “sans-plomb” ou du “diesel”. Mais au-delà de l’anecdote, ce que l’Europe nous fabrique, c’est un monde gris dont elle cherche avec application à gommer les différences : juste par principe, comme si cela pouvait faire figure de projet motivant…
Alors qu’aujourd’hui il y a de par le monde un consensus presque parfait sur la nécessité de la biodiversité, peut-être serait-il temps d’abandonner ce principe mortifère d’uniformité et de faire enfin le choix du principe de subsidiarité.