J’apprends aujourd’hui, par un ami, puis par Facebook et Twitter, une histoire qui vaut le coup d’être comptée et re-située dans l’Histoire.
Au lycée du Fiumorbu, un jeune élève de 4ème, ayant jusqu’à présent suivi toute sa scolarité en enseignement bilingue, se voit interpelé, comme tous ses camarades, lors de l’appel en classe de mathématiques. Mais, habitué qu’il est à parler sa langue maternelle (et nationale), au lieu de répondre “présent“ comme le devrait tout bon petit Français, il répond en Corse, “So qui“, comme il l’a appris dans toute sa scolarité. Pas de quoi en faire un fromage, me direz-vous. L’essentiel, c’est qu’il ait répondu à l’appel, n’est-ce pas ?
Mais son professeur ne l’entend pas de cette oreille, et le sermonne en lui expliquant que, dans une école française, on répond en français ! Têtu (oui, il aurait pu être breton !) ce jeune élève persiste, en expliquant qu’il a toujours appris comme cela, que le Corse est sa langue, et que, bien sûr, il suivra tout le reste du cours en français et veut simplement, dans sa langue, indiquer qu’il est présent. Envoyé illico chez le proviseur, puis de nouveau, après une récidive en cours de français…
Serions-nous en train de revenir à la belle époque des Hussards de la République, ceux de cette 3ème République de Jules Ferry, célèbre aussi pour ses scandales à répétition et quelques guerres mondiales ? A l’époque où, en Bretagne, on accrochait au cou des élèves qui osaient parler Breton entre eux un sabot (surnommé, allez savoir pourquoi, la Vache), pour les stigmatiser ?
Rassurez-vous, la proviseure a tranché, ce ne sera pas le cas au lycée du Fiuomorbu ! Elle propose de supprimer l’objet du litige : non, pas l’élève, ni le professeur, mais l’appel…
Drôle de monde, où l’on proclame le droit à la différence tout en interdisant d’être soi-même, où l’on se fait un devoir de protéger les jeunes, mais où on harcèle ceux qui veulent, simplement, parler leur langue de temps en temps.
Décidément, il est temps que les programmes scolaires et le recrutement des enseignants soient mis sous la responsabilité de ceux qui auraient la légitimité réelle pour le faire, et non de quelques crânes d’œufs parisiens, dont la grande réussite jusqu’à présent est la régression systématique de la France au cours des dernières années dans le classement PISA. Et qu’on en finisse avec ces moeurs répressives d’un autre siècle. Vous aviez dit “nouveau monde” ?
Evviva a lingua Corsa !