Ridicule ?

19537744Qui se souvient de ce film magnifique de Patrice Lecomte en 1996 ? Il décrivait avec force les dernières années de la monarchie française, avec ses élites parisiennes — pardon, versaillaises ! — entièrement occupées d’elles-mêmes, coupées de la réalité et du peuple, y compris de ces aristocrates de province encore conscients. 

Difficile, en voyant l’image d’un Président boxeur, venant après celle d’un Président rappeur, de ne pas penser à cette fin de XXVIIIe siècle. Mais la similitude s’arrête là. Car les polémiques ridicules de ce début de XXIe siècle, des photos du Président à ses rodomontades guerrières, en passant par Aya Nakamura ou par ces hommages publics à exclusions variables, manifestent autre chose que des élites en déshérence. 

Derrière ce ridicule se profile un système mis en place par Emmanuel Macron dès son arrivée au pouvoir : provoquer pour détourner le regard. Comme un magicien, Emmanuel Macron occupe l’espace public à coups de leurres, pendant qu’en arrière-plan, il met en œuvre sa politique, de plus en plus clairement délétère. Nous avions évoqué cet usage politique des leurres ici dès septembre 2019.

Or, les réalités de la politique de Macron se nomment régression sociale, casse du système de santé ou du système éducatif, construction à marches forcées d’une Europe-puissance, petit empire vassal — et relève ? — du grand empire américain. On comprend qu’il faille tenter de détourner le regard de l’opinion sur des sujets plus futiles. On le comprend d’autant plus si on pense que le quinquennat et demi d’Emmanuel Macron compte d’ores et déjà parmi les périodes où la politique a le plus tué en France depuis la guerre d’Algérie : victimes “d’accidents” policiers — certes, ces jeunes délinquants n’étaient pas des saints, mais n’étaient certainement pas non plus passibles de la peine de mort —, victimes au cours de manifestations (Gilets jaunes, agriculteurs), victimes de désespérance (agriculteurs, jeunes), victimes de coups tordus comme le fut Yvan Colonna dans sa prison d’Arles. Et peut être bientôt victimes de guerre en Ukraine. 

Même si, selon l’adage, le ridicule ne tue pas ceux qui le sont, il peut tuer… les autres. Il tue depuis 7 ans. Il est temps de s’en rendre compte, et de regarder au-delà des leurres.