La voix de la raison…

IMG_2243Ainsi, un consensus sur la rédaction constitutionnelle de l’autonomie “à la Corse” s’est dégagé,  Darmanin et Simeoni s’en réjouissent de concert. La voix de la raison aurait-elle triomphé ? La France reconnaîtrait-elle enfin les droits du peuple corse à vivre sur sa terre ?

Non, bien sûr. Pas de peuple corse. Pas de statut de résident, Darmanin le souligne. Pas de co-officialité, seule mesure significative capable de sauver la langue corse. 

Ce consensus condamne à mort la Corse et son peuple. Cette mort sera simplement un peu plus lente et moins douloureuse. Cohérent avec la relance du projet présidentiel sur l’euthanasie. Celle des peuples existe aussi. Sans statut de résident, la spéculation immobilière continuera, et aucune adaptation législative ne pourra la stopper. Sans reconnaissance de droits spécifiques au peuple corse, la préférence à l’emploi restera impossible. Celle-ci aurait pu se faire, au moins dans le public, à travers une exigence de parler Corse. Encore aurait-il fallu une co-officialité de la langue. Quant au développement de l’agriculture et d’un secteur agroalimentaire solide, vital pour notre île, il supposerait des mesures législatives fortes et une négociation directe avec l’Europe, perspectives bien éloignées d’une simple adaptation règlementaire et même législative.  

Alors, c’est mort ? Non, rassurons-nous, tous les espoirs restent permis. 

D’abord, parce que ce cirque qu’est devenu le processus de Beauvau se joue dans un autre monde que celui de la réalité de la Corse. Il ne concerne plus vraiment, en l’état, que les manœuvriers politiciens, qu’ils soient sur le continent ou ici. Ce pseudo consensus sera éphémère, il ne durera que jusqu’à la manœuvre suivante. L’avenir de notre île se jouera, lui, sur le terrain. Sur celui des projets économiques, sociaux, culturels portés par la société civile corse, et il y en a pléthore. Le nouveau statut, s’il ne les facilite pas, ne les empêchera pas. 

Ensuite parce que la démonstration qu’a ainsi faite l’actuelle majorité territoriale de son incapacité à faire avancer la reconnaissance du peuple corse, contrairement aux engagements pris par elle, obligera tôt ou tard les forces politiques de l’île à un véritable aggiornamento. Quand une idée est juste — et celle de la reconnaissance des droits nationaux du peuple corse l’est —, elle finit toujours par trouver les formes qui la font triompher. 

Enfin, parce que la seule véritable voix de la raison dans ce monde en mutation, où la France s’effondre, c’est celle qui appelle à l’indépendance de la Corse, et à ouvrir une nouvelle ère démocratique fondée sur la subsidiarité et non sur les empires.

Comme nous le demandait Yvan Colonna, gardons confiance, le peuple s’éveillera.

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